Anne et Srey Srors

Je parraine Srey Srors depuis qu’elle a 3 ans et demi, elle en a maintenant 16.  Mon compagnon Francis et moi essayons d’aller la voir tous les deux ans environ et nous emmenons alors sa petite famille en excursion. En septembre dernier, c’était pendant la fête des morts (Pchum Ben), du 27 au 29 septembre. Phnom Penh était moins embouteillée que d’habitude car beaucoup d’habitants profitent de ces trois jours fériés pour rendre visite à leur famille à la campagne.

Par Hong, le plus ancien collaborateur de l’Association Angkor-Belgique, nous avons loué un mini-van avec chauffeur pour aller chercher la famille à Prey Khla et partir ensuite vers Kampot. Au bord de la grande rivière qui traverse la ville se trouve une sorte de parc aquatique, géré par des Français, où les Cambodgiens viennent passer le week-end. Là, nous avons mangé à la cambodgienne, sur des nattes déposées sur des structures quadrilatères en bois avec des hamacs.  Ensuite, enfants comme adultes ont profité du parc aquatique, uniquement fréquenté par des Cambodgiens, ce qui mettait notre famille à l’aise. Le soir, après un tour sur le marché nocturne, nous avons mangé dans un restaurant chinois. En matière culinaire, nous nous adaptons à leurs habitudes, par exemple avec un petit-déjeuner composé de riz ou d’une soupe « pho » vietnamienne. Ma filleule ayant adoré le goût des grosses crevettes qu’elle avait découvertes la dernière fois à Sihanoukville, le repas du soir a donc été composé de crevettes, de crabe et de poisson accompagnés de riz et de sauce épicée. Nous avons terminé la soirée par une promenade le long du fleuve. De retour à la guest-house, nous avons offert les cadeaux apportés de Belgique.

Le lendemain, cap sur Kep, au bord de la mer. Kep est réputée pour son marché au crabe et comme toutes les familles présentes en raison du congé de Pchum Ben, nous avons acheté des crabes déjà préparés et du riz sur le marché, puis nous avons cherché un emplacement libre le long de la plage. Ici non plus, pas de touristes étrangers (c’est la saison des pluies). J’ai eu le plaisir de voir pour la première fois la maman de Srey Srors se baigner avec ses enfants, ce qui n’était pas le cas lorsque nous avions été à Sihanoukville. Les Cambodgiennes sont très pudiques, les femmes se baignent en short et tee-shirt par exemple.

Dans l’après-midi, revenus à Prey Khla, nous avons procédé à une distribution de vêtements pour les gens du village, plus de 25 kilos récoltés auprès de notre entourage et dans notre entreprise. Il y avait cette fois pas mal de vêtements pour de petits enfants et des femmes enceintes, ravies d’avoir des vêtements adaptés. Les villageois choisissaient eux-mêmes et la distribution s’est faite dans la joie avec beaucoup de rires (spécialement quand ils découvrirent des soutiens-gorges, qu’ils appellent des “lunettes”).

C’est avec une réelle émotion que nous nous sommes quittés : passer du temps avec ma filleule et sa famille permet d’établir une vraie relation. Le barrage de la langue, via la traduction de Hong, empêche une communication très nourrie mais le langage des yeux et les gestes sont tout aussi importants. À chaque fois que je viens, ma filleule et sa maman me témoignent une attention spéciale, Srey Srors ne me quitte pas, s’endort sur mon épaule dans le bus, prend ma main lorsque nous circulons, veille à refournir mon assiette ou mon bol au repas. C’est moi qui suis chanceuse de recevoir ces manifestations d’affection lorsque je viens les voir.

Ces visites ne pourraient se dérouler aussi bien sans l’aide de Hong. Lui aussi veille à notre bien-être durant ces excursions et il est, pour les novices que nous sommes, un parfait guide des usages cambodgiens.

Anne Leduc, marraine de Srey Srors