Le président de l’Association s’est encore une fois rendu au Cambodge cet hiver, afin de travailler avec l’équipe locale et de rendre visite à nos filleul·es.
Encore une fois, le constat reste le même : la plupart des familles de nos filleul·es vivent dans des conditions précaires. Le président a été attristé par l’extrême dénuement des nouveaux et nouvelles filleul·es. Le choix des enfants à parrainer, opéré par nos collaborateurs en concertation avec les chefs de villages et les directeurs d’école, répond à notre souhait d’être utiles là où c’est le plus nécessaire. Mais de plus en plus de nos filleul·es décident d’arrêter l’école pour aller travailler dans des usines textiles, qui se multiplient et se localisent de plus en plus près des villages.
Alors que Phnom Penh explose économiquement et se transforme à toute allure, de gros nuages noirs apparaissent à l’horizon. En effet, les dernières élections législatives cambodgiennes n’ont été reconnues ni par les États-Unis ni par l’Union Européenne, cette dernière menaçant même de taxer les exportations cambodgiennes comme mesures de rétorsion aux pressions exercées par le pouvoir sur l’opposition cambodgienne, et de mettre fin à l’initiative « Tout sauf les armes (TSA) ».
L’accord TSA visait à supprimer les barrières douanières de l’Union européenne vis-à-vis des biens produits dans les « pays les moins avancés », soit 48 pays dont le Cambodge. Le secteur de la confection textile, employant des centaines de milliers d’ouvrièr·es, bénéficie principalement de cet accord. Ses exportations vers l’Europe représentent une manne de milliards de dollars. La Commission européenne a annoncé mercredi 12 février qu’elle suspendait partiellement les préférences douanières accordées au Cambodge dans le cadre de cet accord. Cette mesure entrera en vigueur le 12 août 2020 et nous craignons un véritable bain de sang social parmi les couches les plus modestes de la population, très dépendantes de ce secteur.
Nous sommes particulièrement inquiets pour nos ancien·nes filleul·es qui, poussé·es par la nécessité et attiré·es par des salaires en hausse, ont décidé de quitter l’école et risquent désormais de se retrouver particulièrement exposé·es à des fermetures.