Les nouvelles du Cambodge

Au Cambodge, les conséquences du coronavirus sont plus économiques que sanitaires. Mi-aout, le pays ne comptait que 273 cas de Covid-19 et aucun décès, pour une population de 15 millions d’habitants. Mais le secteur textile, qui représente 40% du PIB, est, lui, fortement mis à mal. La faute à l’effondrement des commandes passées par les grandes marques d’habillement dans les pays à bas coût d’Asie.

Plus de 100 000 ouvrières ont ainsi perdu leur emploi et près du quart des quelque 580 usines textiles du pays ont stoppé leurs machines, de manière temporaire ou définitive. Une centaine d’autres ont déposé une demande de suspension d’activité auprès du Ministère du Travail. Près de la moitié des usines textiles du pays pourraient bientôt être à l’arrêt.

Il n’existe aucune assurance chômage. Le gouvernement et les entreprises versent respectivement 40 et 30 dollars par mois aux salariés dont l’activité a été suspendue, soit moins de 40% du salaire habituel.

De plus, le 12 février 2019, l’Union européenne, premier partenaire commercial du Cambodge, décidait de suspendre une partie des préférences douanières « Tout sauf les armes » (TSA). Cet avantage tarifaire, conditionné au respect des droits humains et des travailleurs, permet aux pays les moins développés d’exporter vers l’UE sans droits de douane. La réélection controversée du premier ministre Hun Sen en 2018, après trente-cinq ans de pouvoir, ainsi que la détérioration des libertés d’expression et de rassemblement ont poussé la Commission européenne à prendre cette mesure. Depuis le 12 aout, 20 % des exportations cambodgiennes vers l’Union, soit un milliard d’euros, sont donc à nouveau taxées, au premier rang desquelles figurent des produits textiles ; mais les marques délaissaient déjà le Cambodge depuis cette annonce, au profit d’autres pays de la région comme le Bangladesh ou le Vietnam.

D’autre part, depuis fin avril, une loi autorise le gouvernement cambodgien à décréter un état d’urgence lui conférant des pouvoirs accrus pour restreindre les droits et libertés.  Elle n’a pas, pour l’instant, été utilisée. Les raisons pour lesquelles un état d’urgence serait déclaré restent assez vagues. La loi évoque « un danger » ou « un grand risque », sans plus de précisions. Cet état d’urgence, d’une durée de trois mois, pourrait être prolongé indéfiniment. La Fédération internationale des droits de l’Homme dénonce le risque d’une utilisation de l’état d’urgence sanitaire pour durcir sa législation et restreindre les libertés.

Enfin, une crise alimentaire menace le Cambodge.  Les experts estiment que la piètre mousson et l’excès de barrages en Chine en amont du Mékong ont provoqué une sécheresse. De plus, les mesures de blocus dues à la pandémie provoquent une pénurie de main-d’œuvre sans précédent pour les activités agricoles. On estime que les prix des aliments de base dans des régions comme Siem Reap ont augmenté de 33,33%. Cela aura un impact sur la demande en raison de l’incapacité des acheteurs à payer des produits de base comme le riz et le poisson.

Sources : La Croix, Le Courrier et Le Temps