Patricia Huon nous raconte sa rencontre avec sa filleule Navy et sa famille

(Visite de décembre 2007)

C’est le 28 septembre 2007 que j’ai reçu mon dossier de parrainage. A partir de ce jour, je suis devenue la marraine d’Et Navy, une petite fille de sept ans. Elle habite Prey Khla, un village situé au milieu des rizières, à 35 kilomètres de Phnom Penh.

Deux mois plus tard, mon mari et moi devons nous rendre au Cambodge pour un séjour d’un mois. L’occasion de faire la connaissance de Navy et sa famille !

Nous comptons les jours, et la date du départ arrive enfin. Deux jours à peine après avoir posé le pied dans le pays – juste le temps de se remettre du décalage horaire et de visiter la capitale –, nous avons rendez-vous avec Hong et Vannarèn, l’équipe locale d’Angkor-Belgique. L’accueil est très chaleureux. Le lendemain, ils doivent effectuer leur visite mensuelle au village de Prey Khla pour y distribuer les parrainages et il a été convenu que nous les accompagnions. Ils répondent à toutes nos questions et nous expliquent comment va se dérouler la visite. Le jour suivant, après un arrêt au marché pour acheter des biscuits pour les enfants, nous voilà donc partis en voiture pour le village. Les derniers kilomètres se font sur une piste de terre rouge en mauvais état. Le chauffeur évite tant bien que mal les ornières; dans le coffre un vélo offert par un parrain émet un son métallique à chaque soubresaut de la voiture. Mais l’excitation gomme l’inconfort du voyage.

Après une quinzaine de minutes, la voiture pénètre dans la cour de l’école primaire du village. Des dizaines d’enfants, en uniforme scolaire bleu et blanc, sont là pour nous accueillir. Les plus téméraires s’approchent et plaisantent en nous regardant. Tous nous dévisagent, affichant un sourire radieux. Nous sourions en retour, ravis d’être là, et nous demandant laquelle de ces petites filles est notre filleule. Devinant notre pensée, Hong l’appelle par son nom, et la voilà qui s’avance vers nous, intimidée. J’essaie d’échanger quelques mots avec elle, usant des quelques rudiments de khmer que je connais. Ce n’est pas facile pour cette petite fille de se retrouver subitement au centre de toute cette attention…

Après la remise des enveloppes de parrainage aux enfants, nous visitons l’école, les classes de maternelles, l’atelier de couture… Navy glisse doucement sa main dans la mienne. Son papa se tient à distance. Il est aussi impressionné que sa fille !

Nous reprenons ensuite la voiture pour nous rendre là où habite Navy, à 2 kilomètre de l’école, un chemin qu’elle parcourt tous les jours à pied. Elle vit avec ses parents et son petit frère dans une maison sur pilotis. Ils vivent de l’agriculture, gagnant juste de quoi nourrir leur famille… quand la sécheresse ne vient pas gâcher la récolte. Nous nous installons sur une natte, sous un toit de palme, pour prendre le repas qu’ont préparé nos hôtes. Du riz, des légumes, de la viande, du poison séché… Pour eux c’est un festin. Nous apprendrons plus tard que d’ordinaire, leur repas se compose presque exclusivement de riz.

Nous avons apporté quelques jouets : un ballon, une corde à sauter, quelques figurines en plastique et une poupée aux longs cheveux blonds dotée d’une panoplie de vêtements. En quelques secondes, Navy commence à habiller sa poupée, pendant que son frère se précipite sur le ballon et échange quelques passes avec un cousin, puis avec mon mari.

Nous avons aussi emmené deux grands sacs de vêtements. Tout le village va en profiter ! Une fois que la famille a choisi quelques pièces, les voisins proches, puis éloignés, se présentent à leur tour. Sous l’œil mi-amusé, mi-surveillant du chef de village, chacun choisit ce qui lui plaît. En vérité, nous sommes plutôt gênés au début, devant tous ces gens qui se confondent en remerciements. Et surtout inquiets : et s’il n’y avait pas assez ? Que dirons-nous à ceux qui viendront les derniers, alors que les sacs seront vides ? Mais l’ambiance chaleureuse et la joie de tous nous touchent beaucoup. Et heureusement, tous les vêtements sont distribués sans que personne ne reparte sans rien…

Nous passons ensuite plus d’une heure à échanger sur nos vies. Chacun y va de sa question, tandis que Hong et Vannarèn traduisent patiemment. Mais beaucoup de choses s’expriment aussi par le regard, par les gestes. Des photos – que nous promettons de leur envoyer – immortalisent cet instant.

Quand vient le moment de partir, Navy nous serre dans ses bras. Sa timidité a maintenant disparu. Lors de cet au revoir émouvant, nous essayons d’exprimer notre gratitude pour cet accueil que nous ne sommes pas près d’oublier. Nous échangeons encore quelques mots et repartons, le cœur chargé d’émotion.

Un mois plus tard, avant de quitter Phnom Penh, nous reviendrons leur rendre visite. Par nos propres moyens cette fois, en louant une mobylette. Comme on viendrait saluer des amis. Car cette famille est maintenant bien plus pour nous qu’un dossier et quelques photos.

Et nous sommes heureux de savoir que notre modeste participation contribue à l’amélioration de leurs conditions de vie…