On qualifie souvent le Cambodge de « pays du sourire » ; Sokhy en est un exemple resplendissant. Son sourire manifeste la fraîcheur et la spontanéité de la jeunesse, mais il cache également une impressionnante détermination.
C’est en 2012 que j’ai été alertée sur sa situation. Alors que Sokhy allait entrer en terminale, sa marraine dut mettre fin à son parrainage. Or, Sokhy était une étudiante douée mais elle ne pouvait envisager de passer le bac sans un coup de pouce financier. Pour ma part, je marrainais depuis de très nombreuses années un jeune homme qui venait d’entrer dans la vie active et pouvait désormais voler de ses propres ailes ; c’est ainsi que je suis devenue la nouvelle marraine de Sokhy.
J’ai eu la chance, en 2013, de la rencontrer ainsi que sa famille. Son père, ancien miliaire devenu aveugle lors d’un accident à l’armée, ne pouvait plus travailler et c’est sa maman qui assurait les maigres revenus de la famille. Le train de vie était plus que modeste mais je fus impressionnée de voir à quel point l’instruction des enfants – des filles comme du garçon – était valorisée au sein de la famille. Et d’emblée, je fus séduite par la gentillesse de Sokhy.

Après avoir passé son bac, elle m’annonça entreprendre des études d’informatique à Phnom Penh. Je m’attendais à devoir payer les frais d’inscription à l’université mais, à ma grande surprise, il n’en fut rien. Sokhy avait rentré un dossier suffisamment solide pour être sélectionnée et intégrer le programme d’une association française baptisée « Passerelles numériques ». Celle-ci forme des jeunes défavorisés aux métiers du digital. En deux années, elle y acquit de solides connaissances (en informatique, mais aussi en anglais) et, comme beaucoup d’étudiants cambodgiens, commença à travailler tout en se formant. Ensuite, elle souhaita continuer sa formation à l’université et, là aussi, me fit la surprise de décrocher une bourse octroyée par une association allemande. Elle continua à mener de front ses études et une activité professionnelle.
En 2019, Sokhy obtint son diplôme en sciences de l’informatique de l’université de Puthisastra (Phnom Penh) et, depuis, elle travaille comme Web Application Developer. C’est aujourd’hui une jeune femme autonome pour laquelle j’éprouve une grande admiration. C’est aussi une belle personne, reconnaissante et généreuse. Lorsque je l’interrogeai sur ce qui lui ferait plaisir comme cadeau de fin d’études et de fin de parrainage, elle souhaita améliorer le confort de vie de ses parents en leur offrant des toilettes, commodités encore rares dans les campagnes.

Sa détermination sans faille lui a permis de mener à bien un parcours qui reste une exception au Cambodge et plus encore pour les filles.
Sylvie